Passion
Elle était ligotée à cet homme
des pieds à la tête, de tout son être.
Et ce, depuis le 1er jour. Peut être même avant de le connaître.
Comme si tous les instants qui avaient précédé leur rencontre avaient noué à leur insu les longs fils écorchés de leurs existences.
Et chaque jour passé loin l'un de l'autre les faisait trébucher, avancer un peu plus lourdement. Sans talent.
Ce lundi là, le ciel était sombre, l'orage grondait, la pluie commençait juste à tomber.
Quelques gouttes sur les feuilles du tilleul et puis, sans crier gare la peur...
La peur en chacun d'eux.
Chacun pour ses raisons.
Chacun qui porte en lui les ombres comme un poison.
Enracinés, enchevêtrés.
Rien de superficiel, rien de léger…
Puis, un peu après, ce sont les éclairs et la lumière blanche, fulgurante,
la foudre et le coup de foudre.
Ni l'un ni l'autre n'étaient préparés aux retrouvailles.
Les éléments se sont, pourtant, déchaînés et les ont projetés dans des torrents de boue,
Sans eau claire, sans eau vive,
juste des bouillons d'écumes et des vagues de brume.
Le coup de foudre en plein brouillard.
Il a senti son cœur cogner jusqu'à vouloir s'échapper de sa poitrine,
Elle a senti le sien descendre le long de ses jambes paralysées.
Elle a chancelé, s'est retenue à l'arbre.
Si elle est restée droite c'est grâce à lui,
grâce à l'arbre je veux dire.
Le tilleul l'a maintenue verticale.
Ses yeux à lui sont devenus vert pâle, délavés par les étoiles.
Les siens se sont remplis de larmes.
Ils n'ont pas su se regarder.
La terreur a empoigné leurs corps et le désir est venu s'emmêler.
La vie assoupie de leur ventre s'est éveillée.
Avant eux deux ils s'étaient tout interdit.
Tout du plaisir, tout de l'espace.
L'histoire avait enfermée la femme dans sa virginité, l'homme dans sa chasteté.
Il avait couru après Dieu,
elle avait laissé passer les hommes, tous les hommes, sans exception.
Elle avait résisté.
Leur désir de pureté avaient fini par les éloigner du monde.
Ils avaient échoué sur les sables mouvants de la solitude.
Pourtant, ce lundi là, sous ce ciel sombre, ils se sont retrouvés.
Leurs âmes, après quelques voyages, ont décidé de se re-connaître.
Elles sont venues les secouer et les plonger dans le tourbillon de la passion.
La nuit presque tombée, la lune presque morte,
L'orage continuerait de gronder, il n'allait pas les lâcher.
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