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Cadeau
Par un beau matin ensoleillé,
Alors que je prenais mon café,
Un peu rêveuse, abandonnée,
j’entends que l’on sonne à la porte.
Je me lève et vais ouvrir.
Devant moi, un homme nain avec un drôle de regard,
Ou bien un drôle d’homme avec un regard nain ? coquin…
Ceux sont , en tout cas, ces deux yeux là qui m’ont attrapée !
La vie qu’ils contenaient,
leur appétit joyeux, animé par un sourire heureux.
J’ai demandé : oui ? c’est pourquoi ?
Pour qui ? pour vous madame !
Regardez donc ce que je vous ai amené…
Je vous préviens :
Ce que j’ai trouvé, je l’ai cherché partout !
Je me suis tant éloigné, que la terre en était toute retournée.
J’ai voyagé jusqu’au bout, jusqu’au fin fond des continents.
J’ai pêché puis chassé par tous les vents,
Car je savais que vous m’attendiez au tournant !
Que vous ne vous satisfairiez pas d’un simple présent !
J’ai donc marché jusqu’à épuisement
Rencontré des personnages charmants, d’autres tonitruants !
Leur ai confié ce que je cherchais et à qui je le destinais,
Leur ai chuchoté de bien le garder secret ;
Pour que jamais, avant ce matin, on ne vous dise…
Ce que j’ai conservé longtemps dans ma remise,
Ce que j’avais caché dans mon grenier…
Je voulais voir votre surprise,
Capter votre regard émerveillé,
J’ai même rêvé de vous enchanter, de vous voir chavirer.
Et pour cela, croyez moi, j’ai ramé !
Traversé toutes les mers et tous les océans, brûlant…
J’ai bu des eaux si vives que ma tête a tourné :
j’ai vu mes idées défiler,
j’ai vu, enfin, que pour vous,
J’avais remué ciel et terre, tout l’univers.
Que pour vous, mon cœur s’est ouvert.
Vous devez maintenant vous demander ce que je vous ai rapporté ?
Mais peut être avez-vous deviné ?
Ne vous attendez pas à de beaux objets, ni bijoux, ni écrin...
Aucun bien.
Ce que je vous offre est ce dont vous avez besoin…
Des mots si doux qu’ils calmeront votre chagrin,
Mon amour au quotidien,
Mon cœur sur le chemin…
Mon coeur
Mon cœur volé, mon cœur volant
Rempli de mots
De questions qui tournent et tournent à l’obsession
C’est comme un manège qui tourne à l’envers
Sans aucun sens
Mon cœur balance
Il ne sait pas choisir
Se laisse porté
Cherche à léviter
Surtout ne pas décider
Ne pas porter la responsabilité
Mon cœur est devenu fou,
Trop flou
Soit disant détaché, soit disant relâché
Sans tension
Aucune exigence ne le tient éveillé
Il passe son temps à rêver,
à s’échapper…
Aucun désir ne lui dresse d’avenir
Il reste absent à chaque tournant
L’ivresse et le vertige l’emportent
Personne ne frappe à sa porte
Personne pour donner la direction
Pour habiter la maison
Le monde est Fuite…
Le monde est Vide…
Reste l’envol, le vol
L’errance et la désespérance
Personne pour le guider
Plutôt démissionner…
Mon cœur s’abandonne,
Il s’évade.
Ne s’appartient pas,
Ni dedans ni dehors,
Il ne laisse aucune trace sous ses pas.
C’est le vent qui le dirige, le soulève et l’oblige,
Le destin qui le conduit.
Il gonfle, infiniment creux
Si peu valeureux
Vit-il encore en ces lieux ?
Et va-t-il enfin faire le ménage
Dans tout ce remue-méninge ?
Remettre en ordre les choses, les mots
Retrouver leur sens
Et Prendre position
Se mettre debout
Se planter !
S’enraciner.
Se limiter pour faire exister,
Il est temps d’ouvrir cette porte
D’exprimer ce qui se joue en secret
Oser une parole libre, la sienne
Se prononcer, au risque d’être mal aimé
Profiter de l’espace, prendre sa place
Au milieu de cet immense jardin de satin… on est si bien.
Soir d'été
Eva danse et se balance.
Elle porte une jolie robe, gaie et fleurie. C'est l'été. Le tout début. Elle est habillée par la joie d'être libre, ses jambes s'élancent avec audace et légèreté. Elle ne marche pas tout droit. Elle évolue en cercle et tourne sur elle-même. L'air est chaud et plein du parfum de jasmin. La place noire de monde se colore de bruits de feux, de vérité.
Eva danse et se balance, se penche sur les yeux d'un jeune homme, sur les pas d'une enfant. Ses yeux se ferment sur le monde et s'ouvrent sur un ciel sans nuages d'où dégringolent les étoiles en cascade. Et tout en elle s'éclaircit. Le sang dans ses veines, le cœur dans sa poitrine, la voix dans sa gorge. Ses bras s'allongent et roulent sur ses hanches. Elle écrase ses mains sur sa taille et ses talons frappent le goudron.
Elle a rouvert les yeux sur le monde, les bruits de feu, de vérité. Elle aime les deux. La vie fracassante du dehors et la vie céleste du dedans. Elle aime le mouvement, marcher à pas lents, se frayer un espace au milieu de la place.
Mais surtout ne jamais s'arrêter. Danser et danser pour ne pas pleurer. Pour oublier que c'est un soir de fête qu'il l'a quittée. Un soir comme celui-ci. C'est pourtant resté gravé, mais c'est fini, elle a compris. Elle ne bradera plus sa liberté. On respectera sa solitude.
Eva danse et se balance avec au cœur une infinie gratitude.
Vers l'intérieur
l’œil d’abord glisserait sur les vagues,
sur l’eau libre et fraiche des fontaines, sur l’écume des étangs.
Tout doucement il se déplacerait vers le sable, vers la terre.
Vers l’intérieur.
Au centre.
Il se fermerait ensuite, pour mieux y voir,
pour mieux plonger et se laisser éclabousser de lumière.
une lumière douce et incapable d’aveugler,
une lumière pour nous guider.
Eclairer le chemin et nous permettre d’avancer.
Et pour réaliser la transparence, l’œil s’ouvrirait sur l’émotion, sur ses oscillations.
il s’y balancerait, s’y laisserait bercé sans toutefois s’ensommeiller.
Eveillé, émerveillé par le déséquilibre, il ne parlerait pas, ne prononcerait aucune parole.
il laisserait faire le silence, il entrerait dans la danse.