l'arbre bleu
Mais les « on dit » il n'en avait que faire. Le ciel, il le sentait jusque dans son ventre et sous son écorce azurée. Il avait soif d'immensité, d'espaces infinis et de pluies. Le regard fixé sur l'horizon, il aspirait à quitter sa condition d'arbre rétréci. Un jour, il avait entendu son souffle battre au rythme de la galaxie. A partir de là, il n'avait jamais lâché son désir : celui d'atteindre d'abord une taille raisonnable, égale à ceux qui l'entouraient. Pour ne pas effrayer. Et jusque là il ne dérangea pas.
La vie ne s'opposa pas, elle grandit avec lui. Et lentement, ses racines s'allongèrent jusqu'à creuser la terre, jusqu'à creuser le lit de la rivière. Et la rivière se questionna. On n'avait rarement vu rivière si farouche et si fière et pourtant elle laissa faire. Personne ne l'avait jamais approchée de si près. Elle laissa d'abord l'eau couler sous les ponts puis éteindre les veines de l'arbre en feu. Elle calma son ardeur et lui donna la force pour s'élever plus haut, la force de rejoindre la lumière. Une lumière aussi douce qu'une veilleuse. Il reçut en retour et dans son cœur, la clarté des étoiles et le vent dans les voiles.
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